Version actualisée 2015
L’énergie photovoltaïque est très à la mode. Les projets fleurissent partout. Les particuliers sont encouragés à produire de l’électricité par ce moyen, c’est bon pour la planète, mais est ce si intéressant ? Des documents explicatifs abondent, ils sont plus ou moins sérieux. Nous citerons certains , comme la présentation générale de l’ADEME [1], ou des sites comme celui de l’observatoire des énergies renouvelables [2]. Nous n’aborderons que la partie financière de ce sujet. Notre propos n’est pas de nous positionner sur l’intérêt ou non de la production d’énergie par cette technique, pour cela consulter notre document "Fermes solaires versus toitures". Notre objectif est de donner une évaluation sur la rentabilité de l’équipement des particuliers. Libre à chacun de faire un geste plus ou moins intéressé ou désintéressé pour la planète.
Pour tout particulier désirant acquérir une installation, il est important de se référer à une source très importante : le GPPEP (Groupement des Particuliers Producteurs d’électricité Photovoltaïque).
Ainsi que le site BDPV (Base de données Photovoltaïque), qui est lié à la structure du GPPEP
- énergie renouvelable électrique Observer 2014
D’après le baromètre de l’ Euroobserver’s : L’année 2013 reste encore une très bonne année sur le plan de la production d’électricité renouvelable.
Selon EurObserv’ER, la production brute d’électricité renouvelable, non normalisée pour l’hydraulique et
l’éolien, aurait augmenté de 11,1 % entre 2012 et 2013, soit une production de 852,9 TWh. Cette augmentation, associée à une certaine stabilité de la consommation d’électricité totale dans l’Union européenne (3 314,6 TWh en 2012 contre 3 306 TWh en 2013), permet à la part renouvelable de gagner 2,6 points en 2013 pour atteindre 25,8 %. Plus du quart de la consommation totale d’électricité de l’Union européenne est désormais produit à partir de sources renouvelables..
L’énergie électrique d’origine solaire représenterait en 2013 10% de l’électricité consommée. 25% de l’électricité en Europe est d’origine renouvelable. La France fait figure de mauvais élève handicapée par le lobbying forcené de nucléocrates.
- Production électrique
Comparons l’évolution par rapport aux données que nous donnions en 2010. En Europe, avec ses 30 GWc [3]installés, le photovoltaïque ne représentait que 2% des énergies renouvelables. En 2011, le Photovoltaïque représentait 0,5% de la production de l’énergie électrique en France, l’éolien 2,5% [4]. La répartition de l’effort vers le photovoltaïque y est très hétérogène. La lecture du bilan de l’Eurobserver [5] montre que l’Allemagne avec 17 GWc possédait 50% des installations. Cela représentait 2% de sa production électrique en 2010. Si nous ajoutions l’Espagne et l’Italie, nous arrivions à 84% des installations. La France se classait 5° loin derrière la Tchéquie, avec seulement 4% de la puissance connectée. Toutefois, l’Allemagne comme l’Espagne, ou la France ralentissent leurs efforts concernant le solaire. L’obligation d’achat par les opérateurs de distribution (EDF) de toute la production pèse directement sur le coût final payé par le consommateur. En 2012, le coût de l’aide pour l’électricité renouvelable au travers de la CSPE (Contribution au Service Public de l’Électricité ) serait de 0,8 € par an et par ménage en France (source CRE, et INSEE).
La part de l’électricité photovoltaïque dans la production totale d’électricité en France est d’environ 0,6% pour le premier semestre 2013. Le niveau semble encore loin de poser des problèmes d’intégration au réseau. En multipliant par 20, le rôle tenu par l’électricité solaire photovoltaïque, le poids resterait faible et nous sommes loin de objectif de 27% d’électricité d’origine renouvelable à l’horizon 2020).
État des lieux des énergies photovoltaïques
En matière de production photovoltaïque, nous pouvons considérer plusieurs type de producteurs
- Les producteurs de masse (fermes solaires).
- Les producteurs moyens (Agriculteurs, entreprises, collectivités).
- Les producteurs particuliers (de 2 à 9 kWc).
Ces trois solutions sont présentes dans les Landes. La ferme solaire est un ensemble de production important sur plusieurs hectares. Il est mis en œuvre par un industriel spécialisé. Nous pouvons citer l’exemple de la Ferme solaire du Gabardant à Losse : près de 80 Mwc sur 300 ha aimantant entre 25000 et 35 000 d’équivalents foyers, pour un investissement de 250 millions d’€. Les installations chez les agriculteurs, ou certains édifices publics constituent des exemples des productions moyennes. Les particuliers peuvent faire installer de petites puissances en général 3 KWc, mais, suite au moratoire peuvent aller jusqu’à 9 KWc. Les grosses installations moyennes et grandes sont obligées de passer par des postes sources. Le coût de rachat est fonction de la taille et de l’origine de la production [6]. Il est en baisse constante. Si nous observons l’évolution des types d’installations, nous trouvons quelques singularités. L’observatoire de l’énergie solaire photovoltaïque publie les données suivantes : [7]
Nous observons le retour de croissance du photovoltaïque en France. Toutefois cette croissance masque de fortes disparités. En effet, c’est le résidentiel, le photovoltaïque des particuliers qui, dans un premier temps, a fait la réussite de cette énergie.
La survenue du moratoire a porté un coup d’arrêt à cette progression. Nous tenterons d’en voir les causes plus loin.
A l’opposé, les productions de masse, les fermes solaires au sol >1 MWc, ont eu un démarrage très lent, mais font actuellement le gros des installations :
Ce sont les plus grosses installations qui augmentent, celles qui sont inférieures à 1MW baissent fortement ou se maintiennent à peine après la chute due au moratoire. Si nous constatons l’effondrement de la connexion des particuliers (< 9 KWc), au profit des productions de masse qui, rappelons le, participe au gel des terres, un autre problème voit le jour. Si nous consultons l’évolution de la file d’attente française (centres de productions plus ou moins construits, ou en projets, en attente de connexion), nous découvrons une forte baisse des connexions futures.
Et pourtant, les prix des panneaux solaires subissent une baisse considérable. Cette baisse, comme le montre la figure suivante, est due à la massification de la production industrielle, et à l’amélioration des panneaux solaires. Mais ces trois dernières années, l’arrivée massive des panneaux chinois à encore fait baisser les cours de 75%. La figure suivante est extraite de la documentation Solarbuzz [8].
Cette baisse vertigineuse a provoqué plusieurs effets. Le premier est d’ordre industriel, le deuxième est plus spéculatif.
Le premier effet est lié aux méthodes de gestion des échanges du commerce international en mode ultralibéral. Le monde développé a supprimé ses barrières douanières, alors que les pays émergeant comme la chine les ont maintenues. Ces derniers pays pratiquant aussi le dumping social, et écologique. La production des cellules de silicium est relativement polluante. La conséquence est qu’en trois ans la production européenne de panneaux a été détruite par les productions chinoises. Des chaînes de production entières ont été délocalisées ou créées là bas.
Le deuxième effet résulte de l’utilisation de l’effet levier des aides des états pour développer les énergies nouvelles, couplé à la baisse rapide des coûts des panneaux (l’effet de la massification, puis l’effet chinois). Le coût de rachat baissant beaucoup moins vite que le prix des installations (prix de production), alors des fenêtres d’opportunités se sont créées, et pas forcément pour le particulier. Les prix étant garantis par contrat sur 20 ans.
Le prix de l’énergie électrique photovoltaïque
En France, le prix de l’électricité est trop bas. C’est le résultat de notre politique nucléaire. Le prix payé par le consommateur en Allemagne est environ de 0,25 €/KWh [9], alors qu’en France, il est maintenu artificiellement bas, autour de 0,12€/KWh. Il est bon de rappeler que le prix de l’électricité française est sous tarif réglementé pour les particuliers, alors qu’il est libre en Allemagne. Pour la France, les coûts de démantèlement des centrales nucléaires et de la gestion l’ensemble des déchets de cette technologie, sont très largement sous évalués. EDF n’a pas été capable de déconstruire la petite centrale expérimentale de Brénnilis [10], et ne dispose toujours pas de solution de gestion à long terme des déchets. En 2005, La Cour des Comptes réévaluait le démantèlement de Brénnilis à 20 fois le prévisionnel. En France, le faible coût freine l’évolution des énergies alternatives, et des économies d’énergie. Pour compenser le problème du différentiel entre le prix pratiqué et le prix élevé des ENR, les états ont décidé de faire payer par les distributeurs le courant des ENR plus cher [11].
En Allemagne, la massification de la production du photovoltaïque et le coût plus élevé payé par le consommateur ont permis de passer en dessous de la parité, puisque l’électricité photovoltaïque y est payée 0,19 €/KWh depuis avril 2012.
En France, il est à la même époque de plus de 0,36 €/KWh. Toutefois, il y a de réels problèmes, nous le verrons plus loin. La figure suivante donne les différents coûts pour la France, l’Allemagne, l’Italie :
Le prix des installations
On nous dit : le prix des panneaux photovoltaïques baisse avec la croissance de la production, donc le prix de rachat de l’électricité doit baisser. Le prix de rachat est passé de 0,55 €/KWh en 2007, à 0,36 €/KWh en juin 2012, puis à 0,29 €/KWh [12] soit une baisse de 47%. Dans le même temps, les panneaux baissaient de 75%. Or, nous constatons que la marge disponible ridiculement faible pour le particulier est en forte baisse. Nous pourrions supposer que si le prix des installations baisse en suivant le prix de rachat, il se pourrait bien que quelques ententes demeurent pour capter une partie du gain potentiel des particuliers. Ceci pourrait être confirmé par des faits troublants. Pour une installation classique de 3 KWc, un particulier se voit proposer des devis relativement homogènes entre 16 000 € et 17 500 € (tarifs 07/2012). Ces prix représentent des montants de l’ordre de 5 000 €/KWc. Or ’ l’Association allemande de l’industrie solaire (BSW-Solar), qui prend comme référence le prix des systèmes installés en toiture de moins de 100 kWc (TVA non incluse), s’établit à 2 082 euros le kWc au 4e trimestre de l’année 2011. ’ [13].
Certes, la pose en France est un peu plus chère, car les panneaux doivent être posés en intégration à la toiture. Comment expliquer un tel écart entre la France et l’Allemagne ? Pourquoi un particulier en France a une rentabilité très limite, nous le verrons plus loin, en vendant son électricité à 0,35 € du KWh, alors qu’en même temps en Allemagne elle est payée moins de 0,19 €, en étant rentable ?
La démonstration par l’exemple
Voici plusieurs cas. Le premier est une installation de 2007 très bien renseignée [14].
Le deuxième fait suite au démarchage par téléphone de l’auteur en juin 2012. Suite à la rencontre, il a été décidé de faire venir EDF ENR, pour avoir un devis complémentaire. C’est ce devis un peu moins onéreux qui est donné pour exemple. Les montants sont donnés en € courants, sans correction du temps. Le tarif du courant payé 0,55 € en 2007 est revalorisé chaque année suivant une formule complexe. Enfin trois devis complémentaires ont été fait en décembre 2013. Deux, toujours pour une installation classique ’ Bonifiée ’ de 3KWc l’autre pour 5KWc. Le premier de 2013 par un artisan local les deux autres par EDF ENR.
- Comparatif de prix des installations
Si nous comparons les devis, nous voyons que le coût TTC brut varie de 20% entre 2007 et 2012, alors que les panneaux ont baissé de 75%, et le rachat de l’électricité de 35%. Le crédit d’impôt a baissé lui de 84%. Le coût final sans aide n’a baissé que de 42%. Si nous ajoutons les aides, le coût final et le coût en €/Wc n’ont baissé que de 30%. Le revenu généré baisse de 39%. La valeur de cette baisse est en fait plus forte du fait de la revalorisation annuelle. Où est passé le gain de productivité de ces dernières années ?
En 2012 EDF garantissait ses installations pendant 20 ans, en 2013 , les onduleurs ne sont plus garantis que 5 ans. . Le montant initial de l’investissement était de 17 500 € (année 2012). Une réduction supplémentaire nous a été donnée par téléphone le surlendemain (équivalente à la connexion au réseau déjà comprise dans le devis). La différence entre l’artisan local et EDF n’est pas négligeable en 2013. Toutefois, la disparition de nombreuses sociétés artisanales laisse préjuger un risque important sur les garanties à long terme. Nous pouvons constater que le devis d’EDF de 2012 comme 2013 permet un rendement voisin de celui du livret d’épargne pour une installation de 3KWc... (voir tableau).
La dernière colonne du tableau montre le devis pour une installation de 5KWc. Dans ce cas le particulier doit passer par un centre de gestion agréé et peut récupérer la TVA, ainsi que l’investissement en déduction de l’impôt sur le produit de la vente de l’électricité. En industrie, un investissement (donc un risque), est réaliste que si le rendement est au moins égal à 4 ou 5%. Seul ce type de devis semble intéressant actuellement.
Pour le devis EDF de 2012, si nous empruntons pour réaliser cette opération, alors le retour sur investissement passe de 12 à 18 ans, avec une rentabilité annuelle de 0,5%.
Un devis simpliste, par forfait, cache souvent des marges excessives. Il semblerait bien que nous soyons dans cette configuration. Par exemple, en 2012, le représentant nous indique que les panneaux sont d’origine France, ou Espagne, ou Allemagne. Aucune variation de devis n’est donnée en fonction de l’origine des panneaux, or nous savons qu’en Allemagne, la production est en crise et les panneaux sont autour de 0,7 à 0,8 €/Wc, alors qu’en France ils seraient autour de 1,5 €/Wc en 2012. Sur les devis EDF 2013 les panneaux sont garantis production France par la filiale EDF : Photowatt
Mais il y a plus grave, de nombreux démarchages par téléphone débouchent sur des propositions complètement surréalistes. L’auteur a été démarché par une petite société Parisienne, qui prétendait rechercher des installations témoins dans les Landes. Le budget proposait une installation de 3KWc pour 25 000 € ramenée à 22 500 € conditionnée par des visites de futurs clients. Le démarcheur garantissait un paiement mensuel par EDF égal à plus de deux fois ce qui est possible de faire [15]. L’auteur a décliné l’offre, mais dans la demi heure qui a suivie le départ du représentant, son responsable proposait par téléphone une réduction de 6 000 € liée à une aide européenne inconnue...
Il faut se méfier de ces éco-délinquants. Ils n’ont peur de rien, osent tout, particulièrement auprès des personnes les plus vulnérables. Nous demandons avec insistance que des ordres de grandeurs, des accompagnements, soient créés dans chaque collectivité suffisamment importante, en particuliers celles qui ont la volonté de passer en TEPos.
Pour pouvoir calculer votre production annuelle en fonction de votre situation géographique, et de votre angle de toiture ou autre support plusieurs site existent. Voici celui de l’Union Européenne
Autoconsommation
Traditionnellement on considère que l’idéal est de consommer sa production, toute sa production. Le surplus étant absorbé en général gratuitement par EDF.
En fait, il existe une autre stratégie. Le producteur particulier peut avoir une production dédiée à la vente, et une deuxième plus petite moins onéreuse pour sa consommation personnelle. Dans ce dernier cas, l’objectif est de produire le bruit de fond de la consommation existant pendant les heures d’ensoleillement.
- Produire le bruit de fond source GPPEP
Cette stratégie encouragée par le GPPEP permet de réduire la facture d’électricité. Il faut bien sûr dans un premier temps réorganiser et regrouper ses consommations mobiles (Lave linge, cumulus si possible par PaC, ...) dans la zone d’ensoleillement. Ensuite il convient de déterminer le bruit de fond, puis par un bon compromis en déduire la meilleurs puissance d’installation. Pour vous y aider, des sociétés comme Qinergy vous proposent des systèmes de mesures faciles à poser et peut onéreux.
Le GPPEP vous propose de nombreux documents.
L’installation de 1 ou 2 KWc n’est pas soumise à l’incompréhensible obligation d’intégration en toiture. Vous pouvez la poser en surimposition, ou directement au sol sur un petit tracker. Son coût est beaucoup plus faible pour 2 000 € un particulier peut s’il monte la structure lui même et en achetant par le net peut avoir une installation de 1 KWc. Mais attention, ne bricolez pas n’importe comment, nous sommes dans le monde électrique.
L’installation est raccordée à votre réseau interne électrique via des micro-onduleurs et des systèmes classiques de connexion et de protection pour particulier.
Petite remarque intéressante : Lors d’une coupure de courant du réseaux EDF, vous conservez votre production. Attention toutefois, prenez vos précautions pour ne pas réinjecter du courant (sur production) dans le réseau. C’est très facile à faire.
Et encore une fois, attentions aux éco-délinquants.
Conclusion
Il semble que l’énergie solaire électrique soit perçue comme un champ de spéculation intéressant. Spéculation qui se fait sur le dos des consommateurs, comme celui des petits producteurs. Les particuliers ont permis, comme en Allemagne, le décollage de cette énergie nouvelle, qui reste toutefois marginale. Le solaire du résidentiel et des petits producteurs offre un intérêt important dans la mesure où cette énergie électrique est une énergie locale, diffuse. Elle permet la création d’un emploi local important. Les petites unités de production permettent de s’affranchir des réseaux de transports importants, des systèmes de régulation, et de répartition. Un toit de particulier permet la production d’un à deux foyers au maximum. Mais en France, on ne pense que gros systèmes. Les nouvelles règles sont faites pour favoriser les grosses structures de production, elles ne sont plus d’aucun intérêt pour les particuliers, sauf quelques niches.
L’évolution ultérieure du photovoltaïque rationnelle ne se fera que par des règles plus favorables aux petits producteurs, et une réelle concurrence. Il est particulièrement pénible de voir des terres gelées, alors que tant de toits sont disponibles. Les panneaux au silicium sont vraisemblablement proches des limites de leurs caractéristiques de production. Il est vraisemblable que des sauts technologiques se préparent. L’évolution vers les polymères imprimés devrait permettre des productivités au départ plus faibles, mais avec des coûts considérablement plus bas, et des possibilités de poses beaucoup plus intéressantes.